Difficile d’expliquer la façon dont je travaille, tant celle-ci évolue constamment au gré de mes découvertes et expérimentations (convaincantes ou non, d’ailleurs).
Je cultive les végétaux à partir de leur semences, c’est-à-dire que je n’achète pas de plants en pépinière. La plante semée peut ainsi s’acclimater au climat du lieu, et sera moins stressée que si je la plantais 120 km plus bas que là où elle a germé. De façon anecdotique, je reçois un peu de consoude, je trouve un peu de raifort dans une bourse aux plantes. Ce sont des exceptions.
Les semences que j’utilise proviennent principalement de deux semenciers bio, Semailles près de Namur et Bingenheimer saatgut en Allemagne (voir « Variétés cultivées »). Les semences hybrides sont bannies, toute celles que j’utilise sont à pollinisation libre. Elle pourront être resemées d’année en année.
Après quelques années de certification Bio, j’ai décidé de m’émanciper de celle-ci. Le cahier des charge Bio est un moindre mal mais est insuffisant. Il ne garantit pas la qualité gustative et nutritionnelle des plantes cultivées. Il n’est pas forcément non plus un gage de pratiques écologiques. Enfin, il autorise certains produits (pyrètre et bouillie bordelaise notamment) qui peuvent à long terme mettre en péril l’équilibre pédologique et la biodiversité.
Le sol des jardins n’est jamais travaillé. Pour les démarrer, je détruis la prairie par recouvrement, puis je remonte la terre des chemins sur les planches de culture afin de former des buttes. Celles-ci sont ensuite recouverte de mulch, principalement du foin.
Si l’on ne prend pas en compte le matériel (par exemple les bâches plastiques), les intrants issus de l’industrie sont excessivement rares: un engrais granulé bio pour aider au démarrage des plantes, et seulement au démarrage, ainsi que des granulés anti-limaces, en attendant de parfaire une technique plus durable.
Par ailleurs, je fabrique du purin d’ortie et bientôt de consoude et de fougère; j’utilise parfois la bouse et la silice de corne, deux préparations biodynamiques.
Souvent comparée à l’homéopathie pour le sol, la biodynamie fut insufflée par Rudolf Steiner au début du XXe siècle. Ce modèle agricole revêt différentes formes et un biodynamiste n’en est pas un autre. Il ne se limite pas à des recettes toute faites, mais élargit le champ des possible en prenant en compte le ressenti du jardinier et amenant un regard philosophique sinon spirituel à ce métier « terre à terre ». A l’instar de la Permaculture dont j’applique également certains principes, la biodynamie prône l’observation et le respect des rythmes naturels. Ce qui diffère radicalement des autres méthode, c’est qu’il faut s’efforcer adopter une vision géocentrique de l’univers, qui serait celle du règne végétal s’il était doté d’yeux… Le soleil, la lune ainsi que les autres planètes du système solaire et même les constellations ont une influence sur les plantes (sur nous?), elles impriment leurs cycles.
Le travail préparatoire des jardins s’effectue au motoculteur équipé d’une charrue rotative (dite « la berta »). J’ai plein d’outils à main, mais je vais en faire un musée car je n’en ai plus trop l’utilité depuis que je couvre sytématiquement les jardins de mulch (les photosoù l’on voit un sol nu ne datent pas de cette année).
Voilà… vous savez à peu près tout.